Les braqueuses se sont fait braquer

Les braqueuses se sont fait braquer

  Orchies, Nord (envoyé spécial).

Orchies, Nord (envoyé spécial). Un point. C'est ce qu'il a manqué aux joueuses de l'équipe de France pour remporter "leur" Euro, dimanche à Orchies. Au coup de sifflet final, Céline Dumerc et ses comparses se sont inclinées, 70-69, face à l'Espagne. Comme à Londres, les Braqueuses se contentent de l'argent, soit un cran en dessous de l'objectif affiché depuis un an par leur entraîneur, Pierre Vincent. Les Ibériques, elles, remportent le deuxième titre de leur histoire, vingt ans après leur premier sacre européen.
 
Tête baissée et regard noir de colère contre elle ou contre l'arbitrage aléatoire qu'elle ne commentera pas, Céline Dumerc ne peut qu'avouer sa "déception". "Il n'y a pas pire défaite. D'un point, à la maison, contre les Espagnoles... Il n'y avait pas pire scénario. C'est le basket, d'un point tu perds, d'un point tu gagnes. On en a gagné plein de matches comme ça. Ce soir, on s'est fait braquer. Maintenant, c'est les vacances."
 
Forcément déçu du résultat, Pierre Vincent a néanmoins félicité ses joueuses dont il s'est dit "fier" : "Félicitations aux Espagnoles qui ont été au rendez-vous. Je suis fier aussi de mon équipe qui a répondu présent. Je suis triste parce que nous avons perdu mais je le suis à cause de la manière dont nous avons perdu. Pour le reste, on a donné le maximum mais c'est le jeu. Nous venons d'avoir deux gros mois mais nous ne devons pas oublier le plaisir que nous avons pris." Sandrine Gruda, première scoreuse françaises de la finale avec 25 points, avait, elle aussi, le masque des mauvais jours. "On a fait ce qu'on a pu. La différence s'est jouée d'un seul point...", a-t-elle seulement ajouté.
 
LYTTLE CONTRE GRUDA
 
Mais que pouvait-elle dire de plus ? Menées pendant 31 minutes, les Françaises n'ont jamais pu ou su trouver une faille dans le jeu des Espagnoles, qui ont chichement joué leur chance, allant parfois jusqu'à manquer de fair-play. Dans la chaleur étouffante du Pévèle Arena d'Orchies, l'entame des Bleues n'a jamais été aussi catastrophique depuis le début de la compétition. Les Espagnoles, elles aussi invaincues dans cet Euro, ont pris les Bleues à leur propre jeu. Solide en défense, elles ont mis sous pression les intérieures françaises durant les premières minutes. Au premier quart-temps, les Françaises sont menées 21-12 et malmenées par le pilonnage en règle de Sancho Lyttle qui répondait à Sandrine Gruda. Le duel finira par être remporté par la Française (auteure de 25 points contre 20 pour Lyttle).
 
Au début du deuxième quart-temps, les Françaises ont fini par réagir grâce à deux paniers à trois points de Gruda, qui a donné un nouveau souffle à ses partenaires et au public (26-22). Quelques instants plus tard, l'intérieure française donnait même l'avantage à son équipe pour la première fois de la rencontre, 27-26, pour un court instant seulement. Un trois-points de la jeune Alba Torrens remettait la "Seleccion" devant, 33-27. Il a fallu attendre une bonne série de Gomis, Yacoubou et Miyem pour voir les protégées de Pierre Vincent revenir au contact des Espagnoles, 36-35, juste avant la mi-temps. Pendant ces vingt premières minutes, les Braqueuses ont perdu 11 ballons, offrant 12 points aux Espagnoles, mais s'en sortaient avec un pourcentage de 64 % de réussite au tir, contre 39 % pour les Espagnoles. 
 
 
PAS DE MIRACLE
 
Au retour des vestiaires, le match ne baissait pas d'intensité et les contacts se sont faits plus rugueux à l'image de l'accrochage, plutôt sale mais non sifflé, de Palau sur Dumerc. Mais Lawson-Wade redonnait l'avantage à son équipe (46-47) avant que Gruda ne fasse le break, 46-49. Une faute de Gomis redonnait l'occasion aux Espagnoles de reprendre le score, 53-51, avant que Lawson-Wade ne remette les Françaises devant à la fin du troisième quart-temps, dans ce jeu de chassé-croisé sous haute tension, 55-53.
 
De retour sur le parquet, les Espagnoles revenaient rapidement dans la partie grâce à Xargay et Dominguez (61-55). Sous l'ovation du public qui a appris à accentuer la dernière syllabe de son nom, Isabelle Yacoubou remettait son équipe à égalité, 61-61. A moins de deux minutes de la fin, les Espagnoles menaient encore, 67-64 mais Céline Dumerc rejouait la Braqueuse en chef en inscrivant trois-points pour s'accrocher à 68-67. C'était sans compter sur le sang-froid de Sancho Lyttle, qui a réussi deux lancers francs sous la bronca des supporteurs nordistes. Avec 7 secondes au compteur, les Françaises avaient besoin d'un braquage à l'ancienne, qui n'est jamais arrivé. Lawson-Wade ratait un ultime tir aux trois-points, 70-69. Au buzzer final, un silence retentissait dans la salle d'Orchies. La France n'était pas championne d'Europe.  
 
photo:AFP/DENIS CHARLET