Viagra pour femmes : les scientifiques ont peur que les femmes deviennent agressives

Viagra pour femmes : les scientifiques ont peur que les femmes deviennent agressives

Le Lybrido, une pilule qui devrait permettre d’augmenter le désir féminin fait polémique : certains ont peur qu’elle rende les femmes sexuellement agressives.

Le Lybrido, une pilule qui devrait permettre d’augmenter le désir féminin fait polémique : certains ont peur qu’elle rende les femmes sexuellement agressives. Rooooh.
 
Le Lybrido, c’est un médicament qui est censé devenir une sorte de Viagra à destination des femmes. Le but est donc de faciliter la libido féminine, d’augmenter le désir sexuel et de les aider à atteindre l’orgasme. Soit, pourquoi pas ; peut-être que ça aidera bon nombre de femmes à sexer avec plus de plaisir.
 
Là où le bât blesse, c’est que certains scientifiques ont peur qu’il soit trop efficace : le Lybrido devrait être commercialisé en 2016, mais rien ne dit que la Food and Drug Administration la validera – l’institution avait déjà refusé la Flibansérine, un médicament sur le même principe, comme nous l’apprend L’Express.be. Le contributeur pour le Times et auteur de plusieurs livres sur le désir féminin Daniel Bergner explique dans le New York Times les craintes qui entourent ces pilules – une déclaration traduite en français par Slate :
 
« Plusieurs consultants dans le domaine m’ont confié que les laboratoires pharmaceutiques s’inquiétaient de leurs résultats, qui seraient trop bons. Et surtout, que la Food and Drug Administration (FDA) risquait de le rejeter, craignant que les femmes débordent de libido et deviennent des infidèles frénétiques, bouleversant l’ordre de la société. »
 
Cette citation, si je ne m’abuse, est comme des poupées russes : quand tu crois qu’il n’y a plus de trucs qui font rouler des yeux, t’en trouves encore. Premièrement : pourquoi est-ce que ce serait un problème que les femmes débordent de libido, sachant que le but est justement d’accroître leur désir ? À moins de passer la journée aux toilettes à se toucher la coquillette au lieu de travailler, je ne vois pas.
 
Deuxièmement : qui est-ce que ça regarde si les femmes décident de tromper la personne avec qui elles sont en couple ? Et qui dit que les femmes qui ont décidé d’avoir une relation monogame ne sauront pas se tenir si elles retrouvent une libido importante ?
 
Troisièmement : comment la libido féminine et l’infidélité pourraient « boulevers[er] l’ordre de la société » ? À la limite, ça aurait éventuellement des conséquences sur leur couple, mais l’idée qu’on puisse penser que le désir féminin pourrait engendrer un nouvel ordre (ou plutôt un nouveau désordre) mondial est plutôt surprenant. De ce fait, l’industrie pharmaceutique envisage de changer la formule du médicament afin de le rendre un peu moins efficace. Andrew Goldstein, qui dirige l’étude, explique :
 
« Les experts en ont beaucoup discuté dans la pièce. Il y avait comme un besoin de montrer que vous n’étiez pas en train de transformer les femmes en nymphomanes. »
 
Ces inquiétudes donnent l’impression de trahir une certaine crainte pour quelques personnes à l’idée que les femmes puissent être des individus sexués. Ce qui nous ramène plusieurs décennies en arrière, à l’époque où les guides de bonne conduite conseillaient aux femmes d’être toujours prête à honorer l’appétit sexuel de leur mari sans jamais exprimer le leur, pour ne pas les effrayer.
 
Il ne me semble pas que la commercialisation du Viagra avait à l’époque fait parler d’elle en ces termes. On ne craignait pas que les hommes deviennent adultères, que cela change la face du monde et notre société.
 
Tout ceci est bien dommage : au fond, nous devrions tous, hommes comme femmes, avoir le droit de jouir quand on le veut, quand le peut, sans tenir compte de la société qui tendrait à nous vouloir à la fois sexuée, mais pas trop, sinon ça fait peur.
 
 
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